Qu'est-ce
que la restauration audio ? - Comment procède-t-on
? - Les
questions fréquemment posées
- Pour aller plus loin... - Conclusion
Plus
d'un siècle après l'invention du phonographe,
que de chemin parcouru pour capturer et reproduire le plus
fidèlement possible notre environnement sonore !
L’apparition du CD, une petite révolution en soi, a
pu combler les oreilles des mélomanes les plus avertis.
Mais
qu’en est-il de nos vieux trésors, 78 tours, 45 tours,
33 tours... illisibles sur nos platines CD ? L’informatique
nous permet maintenant de les reporter sur CD, et également
d'améliorer considérablement leur qualité
!
Un grand merci à Jean-Pierre BAMEULLE, professionnel
de la restauration audio, pour la rédaction de ces
informations que beaucoup attendaient. Retrouvez son site
à cette adresse :
http://www.restauration-audio.com/
et pensez à le contacter pour bénéficier
de ses très bons services !
Qu'est-ce
que la
restauration audio ?
Les
vieux enregistrements 78 tours, 33 tours, 45 tours, 16 tours
même parfois, cassettes et bandes magnétiques
se détériorent avec le temps et les lectures
répétitives. Apparaissent des clicks, des
craquements, des bruits de fond, des distorsions, etc...
qui, petit à petit, masquent le message d'origine.
L'objet de la restauration audio est de rendre au document
original toutes les qualités qu'il pouvait avoir
lors de sa conception et sa mise sur le marché.
Par analogie, imaginez un miroir poussiéreux remisé
pendant des années dans un grenier, l'image qu'il
vous renverra sera floue, altérée, déformée.
Une fois nettoyé, votre visage sera clair et net.
La restauration audio est faite pour "nettoyer"
un enregistrement comme les tableaux de maîtres qui
retrouvent leurs couleurs et éclat d'origine une
fois retravaillés. Le but est de séparer en
deux parties distinctes, les défauts et le signal
musical pur. Malheureusement, parfois le signal musical
est si proche des bruits qu'il est de règle de le
garder pour ne pas nuire aux intentions artistiques de l'auteur.
L'intervenant qui aura en charge le travail devra tout au
long de la restauration, porter différents jugements
et appréciations et rester le plus objectif possible
pour ne pas dénaturer l'œuvre originale. En dehors
des différents processus informatiques qui permettront
un contrôle précis de la restauration, l'oreille
devra toujours être le meilleur atout pour finaliser
un projet réaliste et cohérent.
Comment
procède-t-on ?
Prenons
l'exemple d'un 45 tours...
-1
On sélectionne la meilleure méthode pour le
nettoyage "matériel" proprement dit. Généralement,
les 45 tours étaient manipulés sans ménagements
et des traces de produits divers tels que boissons sucrées,
café, sodas, etc... se retrouvent fréquemment
dans le sillon. Et je ne parle pas de ceux qui tournaient
dans les "Juke Box"... Un nettoyage avec de l'eau
distillée et un chiffon doux ne peluchant pas est à
mon sens le plus efficace. Il existe dans le commerce des
produits spécifiques vendus très chers mais
leur utilité ne m'a jamais semblé justifiée...
-2
Un point important, la vérification du centrage. Souvent
ces disques étaient empilés sur un chargeur
automatique au centre du plateau des tourne-disques, ce qui
permettait une diffusion de plusieurs microsillons sans avoir
à se déplacer pendant les boums... Efficace
pour la drague mais pas bon du tout pour le 45 tours qui finissait
par devenir très ovalisé en son centre en provocant
des "pleurages" incompatibles avec la qualité
musicale.
-3
Corriger éventuellement la vitesse de rotation pour
se situer sur une note juste de la gamme chromatique (12 demi-tons).
-4
Ensuite, le disque étant parfaitement lisible sur la
platine, on procède à la correction du signal
analogique en l'amplifiant selon la norme RIAA (corrections
de bande passante liées à la gravure physique
du vinyle) pour retrouver un son équilibré en
fréquences. Ce signal est ensuite converti en un signal
numérique à travers un DSP (Digital Signal Processing)
pour pouvoir effectuer les opérations de restauration
audio telles que l'élimination des clicks, pop, bruits
de fond, distorsion produites par l'usure, etc...
Le
résultat le plus spectaculaire dans la restauration
audio est probablement l'éradication pratiquement totale
des bruits de surface des microsillons. L'enregistrement ainsi
obtenu une fois filtré correctement, est tout à
fait capable de rivaliser avec les meilleures productions
du moment, du moins sur le plan technique...
Les
questions fréquemment posées
-
Quel est le coût d'une restauration ?
Si
l'état du support est très altéré,
cela nécessitera une intervention en mode dit "manuel"
; si les défauts sont légers, un logiciel spécialisé
pourra être mis en œuvre pour une intervention en mode
"Automatique", d'où un gain de temps et un
moindre coût.
-
Peut-on parler de différents niveaux de qualité
dans la restauration audio, ce qui affecterait également
le coût ?
Oui.
Le coût est plus bas pour, par exemple, un vinyle en
bon état qui ne nécessite qu'un transfert audio
sur CD, avec uniquement de légères corrections
de timbres et d'autres petites modifications. Généralement
avant d'entreprendre une restauration, j'examine attentivement
la surface physique du vinyle ou j'écoute la cassette
ou la bande magnétique. Je peux ainsi déterminer
le volume de travail à effectuer.
-
Sur quel support peut-on finaliser la restauration ?
Dans
la plupart des cas, le CD Audio est le support idéal.
On peut également faire le report sur DAT ou sur K7
de très bonne qualité.
-
Le processus peut-il endommager l'enregistrement original
?
Pas
plus que de jouer une nouvelle fois votre enregistrement préféré
!
-
Combien de temps faut-il pour réaliser une restauration
?
Cela
dépend de plusieurs paramètres. Il est très
difficile d'évaluer le temps d'intervention au visu
d'un vinyle par exemple. Parfois, en mode manuel, je peux passer
15 mn pour nettoyer un titre de 3mn, parfois une ou deux heures
sur un click récalcitrant de quelques micro secondes,
afin de trouver les meilleures solutions logicielles pour
éradiquer définitivement le vilain bruit...
Pour
aller plus loin...
Si
vous pratiquez déjà le report audio sur
CD et que vous vouliez réaliser vous même
une copie de 78 tours, voici une petite astuce si votre
platine tourne-disques ne possède que deux vitesses,
33 et 45 par exemple.
Le
taux d’échantillonnage d’un CD est fixé
à 44,1 khz. Sans rentrer dans des considérations
techniques fastidieuses, ce taux a été
fixé car en numérique, pour enregistrer
et reproduire fidèlement une bande de fréquences
(pour l’oreille humaine on considère que les
fréquences audibles vont de 20 Hz à 20000
Hz), il faut échantillonner au moins au double
de la fréquence la plus haute : soit 20 khz X
2 = 40 Khz. 44,1 pour avoir une marge jusqu’à
22050 Hz.
Une
simple règle de trois… Vous enregistrez votre
78 tours en le lisant en 45 tours avec taux d’échantillonnage
de : 44100 X 45 / 80 = 25442.
A la lecture, vous rétablissez ce taux à
44100 pour retrouver la bonne vitesse et le tour est
joué !
Dans
le cas du 16 tours (16 tours 2/3), il faut que votre
carte son puisse échantillonner à 96khz
ce qui n’est pas courant pour les cartes son de grandes
diffusion.
Réglez votre platine sur 33 tours (33 tours 1/3
plus précisément).
Enregistrez avec un taux de :
44100 X 33,33 / 16,66 = 88226.
Relisez avec un taux de 44100 et vous avez un vrai 16
tours !
Il est évident que la bande passante d’un 16
tours n’est pas extraordinaire mais c’est mieux que
rien !
Vous
pouvez bien sûr jongler avec cette méthode
avec toutes les vitesses mais il est préférable
de relire avec une fréquence d’échantillonnage
plus élevée que celle de l’enregistrement
pour des raisons de qualité (artefacts).
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Conclusion
La
restauration audio est, grâce à la puissance
actuelle de l’informatique, un moyen fabuleux de faire revivre
tout notre patrimoine sonore. Qui n’a pas chez lui une vieille
bande magnétique d’un cher disparu ou un vieux disque
auquel on tient, la chanson sur laquelle on a rencontré
l’amour de sa vie mais hélas, aucun appareil pour pouvoir
l’écouter…
Les compilations d’artistes sont aujourd’hui très à
la mode mais comment faire quand les bandes originales sont
introuvables et que l’on ne possède qu’un seul exemplaire
?
Il existe deux solutions :
- Soit vous connaissez un peu les procédures et réalisez
vos propres restaurations sur votre ordinateur personnel,
en utilisant des logiciels à faibles coût
- Soit vous confiez ce travail à un professionnel qui
saura mettre en œuvre tous les moyens et son expérience
pour aboutir aux meilleurs résultats.
C’est
à vous de faire votre choix !
Si
vous optez pour un travail professionnel, je vous invite à
contacter à Jean-Pierre BAMEULLE, rédacteur
des informations que vous venez de lire. Retrouvez son site
à cette adresse :
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